Colloque organisé par Roxanne Roy
dans le cadre du projet de recherche CRSH
« Jeux et enjeux de la parole des femmes :
l’énonciation féminine en question (XVe-XVIIIe siècles) »
Depuis la plus haute Antiquité grecque et latine et à travers tout le Moyen Âge, des représentations théâtrales, des textes dramaturgiques ou hagiographiques, des poèmes lyriques prêtent voix à des personæ féminines. Qu’elles relèvent de l’ethos de l’amante éplorée (pensons aux poésies de Sapho ou aux Héroïdes d’Ovide), de la femme cruelle, de la jeune fille chaste et pure ou de la vieille d’origine modeste, ces « voix » féminines modulées à la première personne présentent une grande diversité d’ethe. Si on retrouve bien évidemment ces mêmes « voix» dans la littérature d’Ancien Régime, les bouleversements socioculturels importants que connaît la première modernité (XVe-XVIIIe siècles) et qui amènent une transformation du rapport des femmes à la culture (Timmermans, 1993) invitent néanmoins à envisager l’hypothèse d’une modification profonde des enjeux et modalités qui entourent la prise de parole des femmes. De quelle manière s’expriment les personnages féminins sous la plume des écrivain·e·s ? Quelles stratégies sont adoptées pour contourner la censure religieuse ou les prescriptions rhétoriques qui interdisent aux femmes de se faire entendre en public ? Quelles représentations de la prise de parole féminine au « je » donne-t-on à voir ? Ces personæ auctoriales sont-elles caractérisées, par la modestie, ou trouve-t-on davantage de postures affirmées et revendicatrices ? Ces imitations de « voix » féminines (entendues ici comme une métaphore) reproduisent-elles les stéréotypes associés à la « nature » féminine que véhiculent les divers registres du discours social (philosophique, théologique, juridique) ou s’en démarquent-elles ? Et selon quelles modalités ?
S’inscrivant dans le prolongement des réflexions amorcées depuis quelques années par les chercheur·e·s (on se réfèrera notamment aux travaux de Jean-Philippe Beaulieu), ce colloque se veut une occasion d’interroger les jeux et les enjeux qui caractérisent la posture du ventriloque féminin dans les textes de la première modernité.
Nous sollicitons des propositions d’intervention qui aborderont les constructions identitaires des « je » féminins sous l’Ancien Régime, à travers notamment la notion rhétorique d’ethos discursif.
Les communications inédites ne devront pas dépasser les vingt minutes allouées à chaque participant ·e. Les propositions de communication en français incluant titre et résumé de 250 mots, affiliation institutionnelle, statut (étudiant·e au cycle supérieur, professeur·e, chercheur·e indépendant·e, etc.) et coordonnées complètes (adresse postale et adresse courriel) devront être envoyées avant le 16 décembre 2019 à l’adresse suivante : cirem16-18@uqar.ca
Comité scientifique : Diane Desrosiers, Kim Gladu et Roxanne Roy